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Côte d'Opale, terre de corsaires entre Boulogne et Dunkerque

 

La ville de Gravelines, dont le nom apparaît souvent, dans l'histoire, accolé à toutes les vicissitudes subies par le pays flamand, resta si longtemps le théâtre de guerres meurtrières. Jusqu'à l'épisode des Smogglers au début du XIX° (à ne pas confondre ici avec le Club de Plongée de Gravelines, les Smogglers), la ville est une place militaire et la population est concentrée dans l'enceinte de la ville fortifiée. Cette place militaire avec accès à la mer sera exploitée avantageusement par les Corsaires au service de l'état Français.

L'association des descendants des capitaines corsaires recense 6014 Capitaines Corsaires principalement entre le Nord Bretagne et Dunkerque. A titre de comparaison, Patrick Villiers, professeur des universités en histoire à l'université du Littoral-côte d’Opale, évoque 3500 Capitaines Corsaires en France sur la période entre Louis XIV et 1815 pour 5 000 navires armées et 27 000 navires pris ou rançonnés. C'est dire l'importance de cette activité d'un point de vue économique et social sur cette partie de la côte d'Opale pendant plus de deux siècles.

Le chantier de reconstruction d'un vaiseeau du XVII siècle par l'association de Tourville à Gravelines permet aux visiteurs de se replongerdans l'ambiance et enjeux de cette époque de la course sur le littoral.

De Philippe II à Philippe IV, l'Espagne définit une legislation et une strategie Corsaires qui sera reprise par les autres nations Européenne. Les corsaires opéraient le long des côtes flamandes, à partir de Dunkerque pour le compte d'armateurs privés au service de l'Espagne pendant la Guerre de Quatre-Vingts Ans, également appelée révolte des Pays-Bas ou encore révolte des gueux, contre la monarchie espagnole. C'est cette période qui va donner ses lettres de noblesse à la course.

 

En dépit d'un blocus constant  de la part des vaisseaux de guerre hollandais, les corsaires parviennent souvent à forcer le passage et continuent d'affecter les activités navales des Hollandais. 

Les Corsaires utilisent un type de navire léger et très manœuvrable, la frégate, dont le faible tirant d'eau, leur permet de franchir les bancs de sable, là où les lourds navires de guerre s'échouent. Ils échappent ainsi souvent à leur poursuivants.

Les ports de la côte se trouvent alors dans une situation économique difficile, le souhait de l'Espagne de développer l'activité corsaire est donc fort bien venue et sauve plus d'un marin du chômage.

 

Les corsaires coopèrent étroitement avec la marine régulière espagnole et participent à la bataille des Downs, entre Douvres et Deal, dans le Kent. Les grandes familles corsaires, comme les Bart, Weuss ou Bommelaer, ont des liens familiaux avec des amiraux espagnols ou travaillant pour l'Espagne, comme Michel Jacobsen.

 

La Manche et la mer du Nord constituent le tout premier théâtre d'opération des corsaires. L'Espagne attend d'eux, avant-tout, que ce secteur soit tenu. Gravelines est fourvoyeur de marins et sert aussi de port de replie pour acceuillir les bateaux ranconnés et acheminés les marchandises vers les villes de commerce comme Saint Omer, ville de contact entre la Flandre et l'Artois. Gravelines est une place importante pour affrèter et réparer les bateaux.

 

Les carnets de correspondance de Vauban, et notamment à Louvois en confirment la présence de Corsaires à Gravelines. Le 31 Août 1675 : "...Si les corsaires de cette ville (de Gravelines) estaient un peu aidés et mieux soutenus qu'ils le sont, il. est constant qu'ils feraient beaucoup, plus de mal aux Hollandais par leurs pirateries que toutes nos armées de terre; car, tous les jours, ils, font quelque prise et le havre et les fosses de Mardick sont si pleins de batiments qu'ils y ont amenés que ceux qui arrivent, ne savent plus où se mettre. Mais j'apprends qu'au lieu de les protéger et même les fortifier de quelques garde-cotes ou frégates un peu fortes pour favoriser Feutrée de leurs prises dans la rade, qu'un Ostendois de 28 pièces et 200 hommes d'équipage leur oste bien souvent; j'apprends, dis-je, qu'on leur oste les pécheurs de harengs 2, qui avaient accoustumé d'estre leurs pis-aller et de leur payer leur voyage par le prix de quelques uns de leurs bâtiments, quand il ne se trouvait autre chose à prendre."

 

Les noms de Jean Bart et de Du Guay-Trouin, rendus illustres par tant d’exploits audacieux et tant de prises faites sur l’ennemi, disent assez de quel puissant secours les corsaires ont été pour notre marine régulière sous le règne de Louis XIV. Eux seuls suffirent à balancer tous les avantages remportés par les flottes alliées ; après le grand événement de la Hougue, ils surent défendre victorieusement les côtes françaises et faire douter l’ennemi de l’avantage douteux qu’ils venaient d’obtenir contre la France.

 

Jean Bart est le corsaire le plus connu de l’histoire de la Marine. Légendaire, on le connaît comme le « Renard des Mers », car il aurait capturé au cours de sa carrière presque 400 bâtiments.

 

Promu lieutenant de vaisseau en 1679, son histoire prend un tour romanesque dix ans plus tard avec la bataille de l’Île de Wight.  Pour permettre aux bâtiments qu’ils escortent de s’enfuir, et bien qu’inférieurs en nombre et en  armement, Jean Bart et Claude de Forbin attaquent les vaisseaux de guerre anglais qui menacent le convoi. Ils perdent la bataille mais réussissent à faire échapper les bâtiments escortés avant de se retrouver emprisonnés en Albion, à Plymouth. Sa spectaculaire évasion à peine quelques semaines plus tard – il rame seul pendant deux jours avant d’accoster à Saint-Malo – accroît le  crédit de Jean Bart dans l’imaginaire populaire comme dans l’esprit du Roi Soleil. Il est fait capitaine de vaisseau dans la foulée.

La légende s’écrit le 29 juin 1694 : au large de l’île hollandaise de Texel, aperçoit à l’horizon le convoi français d’une centaine de voiles qui venait d’être capturé par les Provinces-Unies, et bien qu’encore une fois inférieurs

en nombre. Le résultat est sans équivoque : 16 morts chez les Français contre plus de 300 chez les Hollandais.

Alors qu’il avait été fait chevalier de l’Ordre de Saint-Louis par Louis XIV en 1690, la bataille de Texel lui vaut l’anoblissement par le roi. 

Les Hollandais ont pu l’appeler avec une certaine rancœur « le plus grand pirate de Louis XIV ». Pourtant, en 1697, Jean Bart est fait chef d’escadre des Flandres, puis devient deux ans plus tard commandant de la Marine à Dunkerque.

Ce grand connaisseur de la mer du Nord, ce corsaire au service du roi, s’éteint d’une pleurésie à l’âge de 52 ans, le 27 avril 1702.

 

De 1763 à 1773, le retour de la paix leur permit de s'adonner à la pêche de la morue en Islande et du haren. Depuis 1602, le roi Christian IV du Danemark, souverain de l'île, avait en  édicté le monopole, pour ses seuls sujets, du commerce et de la pêche avec l'Islande. Brutalement, les ports et les eaux islandaises ont été fermés aux navires étrangers. La situation a prévalu pendant plus de 150 ans au cours desquels la situation économique de l'Islande n'a d'ailleurs pas cessé de se dégrader. Il a fallu attendre 1766 pour que le monopole danois s'allège et, qu'à nouveau, des marins étrangers soient autorisés à venir y pêcher. Dès 1767, des navires ont été armés à cette fin à Dunkerque qui a fait ici office de précurseur. Quelques années plus tard, les ports de Boulogne-sur-Mer, et de Gravelines se lançaient également dans cette pêche. Les conditions étaient pourtant loin d'être idéales car le monopole danois, qui n'était qu'assoupli (il n'a été définitivement aboli qu'en 1854), maintenait en vigueur l'interdiction faite aux navires étrangers de mouiller dans les ports islandais et de commercer avec les insulaires. Le gouvernement français était même contraint, par la force des choses, d'envoyer des navires sur place pour porter assistance et protéger ses marins. Malgré ces difficultés, la promesse de pêches miraculeuses et l'appât du gain ont continué d'attirer de nouveaux participants.

 

En 1793, les hostilités reprennent avec nos meilleurs ennemis, les Anglais. La pêche devenant difficile à cause de la guerre, de nombreux marins décident de devenir corsaires. 

Jacques Antoine Altazin (1769-1830) Capitaine corsaire d'une famille AUDRESSELLES et de WISSANT sous la République et l'Empire exploite habilement la position de Gravelines. En 1806 Il contraint  le Young Edwards, chargé de houille et une galiote à entrer dans le port de Gravelines et y fait échouer, après une chasse le John Niebolson, brick de 150 tonneaux  en mars 1807.

 

 

De Corsaires à contrebandiers : Les Smogglers

 

Après le désastre de Trafalgar en 1805, les échanges commerciaux entre la France et l’Angleterre, sont suspendus. Cette situation favorise la contrebande entre les deux pays. Conscient des enjeux économiques et financiers que représentait ce trafic, Napoléon décrète le 30 novembre 1811, que Gravelines est seul port ouvert aux contrebandiers désignés par les Smogglers. Gravelines accueille les Smogglers, contrabandiers anglais, pour faire entrer leur or et pallier les effets du blocus anglais sur le commerce français. C’est en bordure du Chenal, côté Petit Fort Philippe face à la maison "Bouteilles à la mer" que s’échangent l’alcool et les marchandises. De ces expéditions, ils rapportent vins, alcools et soieries. Des sentinelles postées autour du Fort de la Flaque aux Espagnols devaient veiller à empêcher toutes ruses et détournements de la loi. Le Corps de Garde restauré, au pied du Phare, témoigne des aventures vécues par les héros de cette histoire quasi-légendaire. C’est en 1814 que le blocus sera complètement levé et que le "smogglage" ne sera plus un commerce d’exception.

Certains de ces Smogglers iront émigrer à partir de 1816 à l'embouchure de ce même chenal pour y fonder Petit-Fort-Philippe. 

 

Les informations sont issues :

- des sites de la ville de Gravelines, du  Port de Plaisance de Gravelines, Sites Vauban, Nordmag, blog perso, wikipedia Grand Fort, webnord,

- des publications telles que A nous Fort-Phlip, Instant des Forts , Jean Bart, Corsaire du Roi Soleil (Patrick Villiers), Vauban, l'intelligence du territoire, Vauban (Bernard Pujo),

- des références et sources web sur l'activités de la course par les Corsaires entre Dunkerque et Boulogne : site des corsaires de Calais, de Dunkerque, de Boulogne, un blog perso sur l'histoire du Nord, l'exposition de l'association Tourville à Gravelines, site de la Défense, la Compagnie H Van Der Zee. 

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